lundi 2 décembre 2013

L'anniversaire.


Voilà voilà voilà, le grand jour est arrivé.

Après avoir demandé la permission à ma mère d’acceuil, je me suis levée à 5h ce matin. Je me suis habillée et lavée vite-fait, j’ai pris mon vélo. Je me suis arrêtée au marché qui venait à peine d’ouvrir et me suis achetée une des meilleures pommes de tout Hualien, une de ces pommes japonaises deux fois plus grosses que mon poing (sans une once d’éxagération) à 150 NT$ (3.75 eu), avec un café des plus amers comme je les aimes. J’ai aussi pris une gaufrette de Mamie Momo et un carré de chocolat ultranoir.
J’ai renfourché mon vélo alors qu’il faisait encore nuit noire et ai atteind la mer, près du port de Hualien. Je me suis posée sur un banc et, dégustant ma pomme et mon café et ma gauffre et mon carré de chocolat, j’ai regardé le soleil qui se levait sur la mer, aux premières loges de ma vie d’adulte. J’ai pas spécialement fait de discours poétique comme-dans-les-films dans ma tête, ni même une réflexion sur ma vie, ni quoi que ce soit d’autre. J’ai enfin réalisé, enfin, je crois. J’ai juste pris une photo, une seule. C’est que des pixels sur un écran, pas de quoi s’affoler. Mais c’est aussi une représentation du premier jour de ma vie d’adulte.

J’ai également reçu dans le colis de mes parents et Mamies une bougie de 18 ans sur un cupcake. Après dix minutes au cours desquelles je me suis cramée les doigts en essayant de l’allumer malgré le vent glacé (RIP la boîte d’allumettes), j’ai réussi à l’allumer et à faire mon voeu comme il se devait ! Ouais bon maintenant, avec brûlures+froid intense+absence de biafine+engelures, j’ai les doigts aussi féminins que ceux d’un menuisier de 50 balais, j’fais moins la fière …


Ca fait 18 ans que je foule le sol de cette planète. 18 ans, ca veut dire que je suis une adulte à part entière aux yeux de la loi. Je peux acheter de l’alcool, des clopes, je peux aller en taule, disposer de ma thune comme j’en ai envie. Je peux bosser, payer des impôts, passer le permis, avoir une voiture et une moto. Je peux voter, je dois remplir mes devoirs de citoyen comme on nous en rabache les oreilles en éducations civique depuis le collège. J’ai 18 ans, ca veut aussi dire que je dois être responsable, montrer l’exemple, tout ça.
Mais j’suis encore loin de tout ça. Déjà, pour ce qui est de l’alcool, des clopes et du permis, ça attendra mon retour en France. Pareil pour mon devoir de citoyen, pour le boulot, les études, l’appart et les impôts… En fait, du point de vue de ce que je peux faire, il me faut attendre mon retour en France. C’est peut être pour ça que j’ai du mal à percuter. Bah, c’est comme mon bac, je réaliserais progressivement (ca commence tout juste à rentrer à l’heure où je vous parle).
J’ai 18 ans. Et pourtant, je suis toujours une vraie gamine. Je me dispute avec ma soeur comme si j’avais 9 ans comme elle. J’ai 18 ans, et je marche toujours sur les lignes blanches des passages piétons pour pas tomber dans le volcan ou le lac aux crocodiles. J’ai 18 ans et je suis toujours accro aux bonbecs. J’ai 18 ans et je fais toujours des dessins sur mon cahier –quand je colorie pas l’intérieur des lettres- quand je m’ennuie en cours (quoi qu’avec les caractères chinois, colorier l’intérieur des lettres c’est carrément plus difficile.). J’ai 18 ans et avant hier encore je regardais des épisodes des Looney Tunes, des Super Nanas, des Cités d’Or, de Olive et Tom et de Tom et Jerry sur mon ordi. J’ai 18 ans et le Roi Lion est toujours mon film préféré. J’ai 18 ans et j’emmerde toujours mon chat en le réveillant quand il fait la sieste quitte à me faire bouffer les mains par ses coups de griffes. J’ai 18 ans et j’aime toujours grimper aux arbres, escalader les rochers, faire des trucs stupides et dangereux pour exaspérer ma mère. J’ai 18 ans et je me ronge toujours les ongles, je fais des grasses mat’ monstrueuses, je mange comme un porc. J’ai 18 ans et j’attend toujours ma lettre pour Poudlard. J’ai 18 ans et je fais toujours des grimaces quand on veut me prendre en photos. J’ai 18 ans et j’ai pas pu partir à Taiwan sans ma peluche de tortue que j’ai acheté aux Canada il y a 10 ans. J’ai 18 ans et mon amoureux secret c’est toujours Mark Landers de la série Olive et Tom (ouais c’est le méchant de l’histoire, et alors?). J’ai 18 ans, et j’arrive pas encore à percuter tout à fait ce que ça veut bien dire.
Et passer ce cap à 10 000 km de chez moi, j’vous raconte pas.
Après le coucher de soleil, une fois bien au chaud avec une tasse de thé et mon gros pull Totoro sur les épaules, j’ai pris mon courage à deux mains et ai ouvert ma boite mail. Et je vous avoue que je ne m’attendais absolument, mais absolument pas à ca.
La vidéo que vous avez tous fait, à laquelle nombre de personnes de ma famille et des amis ont participé, m’ont je l’avoue arraché une demie-heure de larmes. Mais ne vous inquiétez pas, c’était des larmes de joies. De toute ma vie je n’aurais assez de temps pour vous dire merci autant que vous le méritez. Je trouverais peut-être plus de choses à dire, mais pas maintenant. Pas envie de mettre des mots sur cette émotion pour le moment.

Bon bon bon, faut que j’arrête, c’est tout pour l’instant émotion là !

Sinon, à Taiwan, les anniversaires se fêtent avec la famille. Mais comme ma famille est un peu loin, bah à midi, resto avec les autres inbounds pour mon anniversaire! Il y avait une vue sur la mer des plus terribles, et le repas étais super bon. Je pense peut-être y retourner un de ces quatre, j’essayerais de prendre des photos. Ma mère d’acceuil sait que j’suis pas ultra fan des pâtisseries mais dingues des fruits, du coup elle a commandé deux gâteaux tous simples mais avec la blinde de fruits dessus et dedans. Rah mon dieu c’était trop bonnnnn. L’autre inbound français m’a offert un pot de caramel au beurre salé. Autant vous dire que j’y ai bien noyé mon chagrin en deux coups de cuillère à pot le soir venu. Et ce week end, des amies de ma classes m’emmènent dans un resto je sais pas encore lequel. A Taiwan les jeunes sortent pas des masses en dehors de l’école, en tous cas pas comme en France, du coup on relativise entre inbounds, et étant donné qu’on est une bonne douzaine, on est tous vachement soudés.

(non vous rêvez pas c’est des tomates cerises les trucs rouges là.)
Même mon club rotarien, qui avait une réunion le soir, a acheté un méga gâteau. Bon vu la gueule du colis et les gaufrettes de Mamie momo et les bonbons et tout que j’ai reçu, j’en ai pas pris des masses, mais rien qu’à voir la pauvre photo que j’ai prise avant qu’il ne soit englouti, je vous laisse imaginer le truc. Mais ce gâteau n’est pas que le mien, c’est aussi celui d’un membre de mon club qui la semaine dernière fêtait ses … 93 ans. Ouais. Dire que je me sentais vieille d’en avoir 18 punaise, maintenant vous inquiétez pas cette impression est passée.

Apparte : Anouk Delattre, je t’aime. Le “D’habitude , on prépare des grands repas pour les anniversaire, mais là on mange des pâtes. » que tu m’a écrit dans ton mail est sans doutes la phrase qui m’a achevée … de rire !

Je sais pas trop quand je percuterais. Mais je vous tiendrais au courant.
Au mois prochain donc. Les hostilités de Noël et des fêtes de fin d’année approchent, je pense vous écrire avant le nouvel an chinois. Ici, la religion catholique est une minorité, du coup … pas de vacances de Noël ! Eh ouais. Mon lycée est privé et catho, du coup le 25 décembre est férié, mais dans les lycées des autres inbounds, c’est un jour comme les autres, ils ont même cours ! Mais je relativise en me disant qu’on profite d’une quinzaine de degrés de plus pour cet hivert. Quoique. Après deux mois et demis sous 30 degrés, revenir à 17 en une semaine m’a refilé un bon mal de gorge et m’a fait sortir pull et écharpe de ma valise. Oui, jusqu’ici pas besoin, ils sont donc restés bien pliés dans ma valise sous mon lit.
Et j’me suis acheté des Doc Martens aussi … et les pansements qui vont avec. (taille des premières cloques = taille de mon ongle de pouce, véridique)


Allez, je crois bien qu’il est temps de vous dire à la prochaine. Merci encore, pour tout.

Soizic, qui a fini les gauffrettes et maintenant s'attaque aux fraises Tagada (on sort les grands moyens !)